

Yves Yersin, réalisateur du film « Tableau noir » (2013), nous a laissé plus de mille heures de tournage effectuées dans la classe de Derrière-Pertuis (NE). Pour faire connaissance avec Yves Yersin, rien de tel que de l’approcher sous des angles différents. Nous vous proposons de faire la connaissance du cinéaste Yves Yersin en vous rendant sur le site wikipedia qui propose une biographie succincte.
Yves Yersin, réalisateur du film « Tableau noir » (2013), nous a laissé plus de mille heures de tournage effectuées dans la classe de Derrière-Pertuis (NE). Pour faire connaissance avec Yves Yersin, rien de tel que de l’approcher sous des angles différents. Nous vous proposons de faire la connaissance du cinéaste Yves Yersin en vous rendant sur le site wikipedia qui propose une biographie succincte.
wikipedia.org/wiki/Yves_Yersin
Yves Yersin s’est exprimé à propos de ce documentaire lors de la présentation du film au festival de Locarno en 2013. Laissons-lui la parole !.
« Tableau noir » est un film qui présente mille facettes de l’école. C’est un bel outil pédagogique. L’Institut de recherche et de documentation pédagogique (IRDP) a édité un dossier pédagogique à ce propos.
L’École Primaire Intercommunale de Derrière-Pertuis est située dans un hameau de cinq maisons, à 1153 mètres d’altitude, sur les crêtes du Jura, au milieu des alpages, dans un paysage verdoyant espacé de fermes isolées. Elle se trouve à la frontière entre régions francophones et germanophones – ou, plutôt, alémanophones et a toujours eu de ce fait l’habitude d’accueillir également des élèves de langue allemande.
Il s’agit d’une classe à degrés multiples qui réunit des élèves de la 1re à la 5e année primaire. Inspirée notamment des pédagogies actives, la démarche pédagogique développée par l’enseignant, Gilbert Hirschi, se caractérise par sa créativité : elle permet aux élèves d’accéder au mieux à des apprentissages plus différenciés et personnalisés, favorisant l’autonomie et la coopération, l’expression sous toutes ses formes langagières et artistiques. L’approche est globale et vise des apprentissages signifiants appuyés sur des situations concrètes.
La dimension relationnelle, entre enseignants et élèves, entre élèves, est au cœur de cette pédagogie qui favorise l’expression et le dialogue, les interactions et la motivation.
L’histoire de l’école de Derrière-Pertuis remonte aux années 1830, lors de la création par des fermiers anabaptistes (chassés de la région de l’Emmental et venus vivre dans les montagnes) de trois écoles itinérantes alémaniques.
L’imposition du français a été légalement acquise dès 1853, mais elle se heurta à une forte résistance qui dura pratiquement un siècle.
Les communes francophones voisines, de leur côté, ont obtenu le statut d’école primaire publique vers 1860 et trois collèges vont voir le jour : La Joux-du-Plâne (1861), Derrière-Pertuis (1892) et Les Vieux-Prés (1893).
Souvent menacées de fermeture, les trois écoles de la Montagne ont été regroupées en une seule, à Derrière-Pertuis, en 1982. En 2008, malgré la lutte des habitants et des enseignants de la région, l’école sera définitivement fermée par les instances officielles.
Tableau Noir filme les deux dernières années d’existence de l’école de Derrière-Pertuis, mettant en évidence l’ambiance et la vie d’une classe à degrés multiples, offrant un voyage dans l’intimité d’une école de montagne.
Le film met en évidence, dans le quotidien et le détail, la pédagogie mise en place par l’enseignant principal et ses collègues, la vie des élèves, leurs contacts aux quotidien, leurs émotions. On découvre ainsi une pédagogie de la communication et de l’échange, une pédagogie de la collaboration et de l’entraide entre élèves d’âges différents, qui valorise le travail de groupe et les échanges entre grands et petits à propos des apprentissages, une pédagogie au contact des éléments et de la nature, une pédagogie de l’action, du mouvement, qui implique l’individu dans tout son être, une pédagogie de la créativité qui donne une grande place à l’art tout en s’inscrivant pleinement dans son contexte social en accordant une grande place aux relations avec les familles et avec la vie locale de ce coin de montagne.
Autrement dit, une pédagogie qui donne sens aux apprentissages… Les images d'Yves Yersin donnent à voir cette pédagogie, tout en montrant, en acte, de manière concrète, ce que recouvrent des notions comme « situation problème », « école en plein air », « pédagogie du projet » ou « échanges ».
Une autre spécificité de cette école est constituée par l’ouverture vers d’autres horizons : les sorties dans la nature, les observations, l’échange avec des correspondants d’autres régions, d’autres pays, les sorties culturelles, géographiques, la rencontre des habitants et de leurs occupations professionnelles, autant d’occasions de favoriser des apprentissages et des connaissances dans des contextes diversifiés, permettant aux élèves de dépasser l’apprentissage scolaire « entre quatre murs ».
Le collège comme bâtiment est à l’image de ces démarches : il n’y a pas, comme dans les autres écoles, la seule classe… On ajoute la classe des petits, le galetas, la salle pour les bricolages, le garage où l’on entrepose les décors, le corridor pour la photocopieuse, la cour, les pâturages… autant de lieux divers qui multiplient les possibles de la vie scolaire et des apprentissages et favorisent la coopération entre élèves. Les salles présentées dans la visite proposée ici reprennent en quelque sorte, métaphoriquement, cette organisation « socio-pédagogique » de l’espace.