Un peu d’histoire…
L’histoire de l’école de Derrière-Pertuis remonte aux années 1830, lors de la création par des fermiers anabaptistes (chassés de la région de l’Emmental et venus vivre dans les montagnes) de trois écoles itinérantes alémaniques.
L’imposition du français a été légalement décidée dès 1853, mais elle se heurta à une forte résistance qui dura pratiquement un siècle.
Les communes francophones voisines, de leur côté, ont obtenu le statut d’école primaire publique vers 1860 et trois collèges vont voir le jour : La Joux-du-Plâne (1861), Derrière-Pertuis (1892) et Les Vieux-Prés (1893).
Souvent menacées de fermeture, les trois écoles de la Montagne ont été regroupées en une seule, à Derrière-Pertuis, en 1982. En 2008, malgré la lutte des habitants et des enseignants de la région, l’école a été définitivement fermée par les autorités scolaires neuchâteloises.
Une école singulière
Tableau Noir filme les deux dernières années d’existence de l’école de Derrière-Pertuis, mettant en évidence l’ambiance et la vie d’une classe à degrés multiples, offrant un voyage dans l’intimité d’une école de montagne.
Le film met en évidence, dans le quotidien et le détail, la pédagogie mise en place par l’enseignant principal et ses collègues, la vie des élèves, leurs contacts au quotidien, leurs émotions. On découvre ainsi une pédagogie de la communication et de l’échange, une pédagogie de la collaboration et de l’entraide entre élèves d’âges différents, qui valorise le travail de groupe et les échanges entre grands et petits à propos des apprentissages, une pédagogie au contact des éléments et de la nature, une pédagogie de l’action, du mouvement, qui implique l’individu dans tout son être, une pédagogie de la créativité qui donne une grande place à l’art tout en s’inscrivant pleinement dans son contexte social en accordant une grande place aux relations avec les familles et avec la vie locale de ce coin de montagne. Autrement dit, une pédagogie qui donne sens aux apprentissages…
Les images d'Yves Yersin donnent à voir cette pédagogie, tout en montrant, en acte, de manière concrète, ce que recouvrent des notions comme « situation problème », « école en plein air », « pédagogie du projet » ou « échanges ».
Une autre spécificité de cette école est constituée par l’ouverture vers d’autres horizons : les sorties dans la nature, l’échange avec des correspondants d’autres régions, d’autres pays, les sorties culturelles, géographiques, la rencontre des habitants et la découverte de leurs occupations professionnelles, autant d’occasions de favoriser des apprentissages et des connaissances dans des contextes diversifiés, permettant aux élèves de dépasser l’apprentissage scolaire « entre quatre murs ».
Le collège comme bâtiment est à l’image de ces démarches : il n’y a pas, comme dans les autres écoles, la seule « salle » de classe… On y ajoute le galetas, la salle pour les bricolages, le garage où l’on entrepose les décors du spectacle en cours d’élaboration, le corridor pour la photocopieuse, la cour, les pâturages… autant de lieux divers qui multiplient les possibles de la vie scolaire et des apprentissages et favorisent la coopération entre élèves. Les salles
présentées dans la visite proposée ici reprennent en quelque sorte, métaphoriquement, cette organisation « socio-pédagogique » de l’espace.